Dans ce Blog, nous suivons le périple d'Olivier Guillouet depuis son départ d'Arzal le 3 août 2023 vers les Caraïbes et la transat retour, via les Açores, jusqu'à son arrivée à Saint Nazaire au port de Pornichet le lundi 27 mai 2024
05/06/2024
La première étape a conduit Danton de Guadeloupe aux Açores (raconté ici).
Le retour en Loire Atlantique mènera Olivier des Açores vers le continent européen avec une halte technique à la Corogne.
Voici son récit issu de trois mails envoyés aux Vieux Gréements de SN...
La suite et fin de cette traversée fut encore "sur la tranche" jusqu’au soir du samedi où nous avons pris le Cap à l’Est. Vent redescendant à 4 beaufort et mer avec houle de Nord redescendant sous les 2 mètres. Même le soleil, qu’on croyait resté aux Antilles, nous est revenu !
Les cargos réapparaissent plus souvent avec des destinations vers les usa ou Gibraltar.
Dimanche, notre vent de Nord prend de l’ouest qui nous fait ouvrir grand les voiles et remettre Danton dans une position plus confortable. La vie "normale" reprend doucement à bord, on peut poser les verres et s’allonger sans se bloquer partout.
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Les adieux à Ponta Delgada au départ des Açores... à droite, la pointe Nord-Est de l'ile de São Miguel toujours aux Açores
Dimanche après-midi le vent descend encore, c’était bien entendu prévu par la météo et le moteur fait l’appoint pour maintenir les 5 nds en ligne droite. Ça avance bruyamment mais sûrement. Minuit, Danton pointe son étrave dans "l’autoroute des grands", l’AIS nous gratifie de multiples petites flèches orientées dans le même sens et presque toutes à 12 nds. Il va falloir s’y faufiler ! On avance, vise l’arrière des mastodontes, lofe de 40° puis, quand on le sent, reprend la route au 95° en espérant que les 2 autres derrière ne vont pas nous jouer un tour…ça passe ! 4 voies à traverser comme ça, heureusement les deux dernières semblent moins encombrées mais comme nous sommes juste à la sortie de la zone la vitesse et le cap ne sont plus limités. Certains repartent à plus de 17 nds. Le ciel est complètement dégagé, des étoiles partout, mon équipier prend un cours de feux de navires en live et en plein air.
Je redoutais la brume au petit matin mais il n’en est rien, le petit vent de nord-ouest repousse l’humidité vers la côte et nous en sommes loin. Nos pêcheurs, assez peu nombreux, sont bien visibles. Un troupeau de dauphins vient nous saluer pour notre dernier jour. Ils nagent en ligne sur notre bâbord, c’est un vrai régal. Et ils font tous un saut avant de nous quitter, certainement un adieu, c’est touchant.
La côte est là, les îles Sisargas sont passées, on aperçoit au loin la grande tour Hercules et la dernière pointe à passer. Dernier mile, les pare-batages et aussières reprennent leur fonction à poste. La jetée est virée, ponton 3 emplacement 30 30. Il est 18h30 TU le lundi 20 mai, nous sommes accostés.
972 miles route fond d’alignés à 5 nds de moyenne, on arrose ça après la douche bien méritée.
Depuis, mon équipier est reparti en train vers sa Bretagne et son travail et moi je remets mon pilote en état et me prépare pour le prochain départ vendredi 24 mai avec objectif Pornichet ou à proximité, je vous tiendrai au courant.
À bientôt.
Marinement vôtre, Olivier Guillouet
Bonjour à tout l’équipage des Vieux Gréements
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Appareillage donc vendredi matin pour un grand bord de près (encore) qui me fit faire du nord avant la bascule d’Est vers 22h, puis Sud annoncée accompagnée de douches à l’eau douce le lendemain matin. Le Cap se trouve en ligne directe maintenant. Environ 360 miles. Les offrandes aux dieux sont effectuées selon les règles, des dauphins passant par là à ce moment pourront en attester à Neptune qui, je l’espère, me sera clément. Les effets de marée sont sensibles sur l’état de la mer et de mon cap. Marée montante contre le vent ça moutonne la lève mais m’aspire, marée descendante la mer est plus calme mais me repousse. Cette alternance diminue plus je m’éloigne de la côte. Un samedi grisounet et humide me pousse et me gratifie de quelques surfs sur cette petite houle de Sud. 17h. Mais qu’entends-je ? Blang blang blang qui vient de dessous l’arrière du navire. Une grande traîne accrochée à l’arrière fait un remous à environ 20 mètres. Quelque chose dans l’hélice qui reste bloquée et un truc qui tape dessous. Je récupère la traîne à la gaffe, reprends 3 mètres et coupe cet orin de diamètre 10 en nylon. Hélice toujours bloquée et blang blang. Démarrage du moteur et arrière avant doucement, tout se libère grâce au coupe-orin placé sur l’arbre d’hélice, je vois un gros paquet de bouts et un flotteur vert qui repartent pour le prochain, pas eu le temps et les moyens de le récupérer. Le moteur tourne normalement...oufff |
Un écho au détecteur de radars (tuuut tuuuut) mais pas de bateau ? Qu’est-ce ? J’entends ensuite un bruit de moteurs d’avion, c’est un Breguet Atlantique qui fait sa surveillance, il passe assez bas pour me voir et repart vers le large. Les nuits sont un peu agitées, entrecoupées toutes les demi-heures d’un tour d’horizon, vérifications de route et petits réglages mais je ne suis plus "sur la tranche " et ça change, sommeil plus décontracté. J’ai hâte d’arriver mais aussi me sens bien ici, sur l’eau. Plus de 11700 miles dans le sillage depuis le 3 août dernier sur cette grande boucle. Un jour la mer, un autre la terre, l’alternance, l’impermanence, la vie. |
EPILOGUE
Dimanche 26 mai sur cet Atlantique qui m’aura supporté dans mes pérégrinations navales. Le vent est portant, un bon 4 beaufort mais je suis toujours obligé de limiter ma vitesse sous peine de zigzags intempestifs. Je charge l’avant en déroulant le génois tangonné pour bien tirer par l’étrave et réduit la grand-voile qui permet d’éviter le dévent et d’éventuelles embardées. Mais aussi passe en ciseaux pour reprendre ma route directe quand c’est possible. Les vagues et la houle me font balancer et déchargent les voiles, ça ralentit. |
14h je suis sur "la Marche", les vagues clapotent tout côtés, je remonte le canyon de Pornichet et passe de 1500 m à 160m en une vingtaine de miles. J’ai l’impression que la mer a changé de couleur, elle est plus verte et la houle reprend, régulière, 1 m d’ouest plus courte. Le vent baisse, la vitesse aussi et le régulateur commence à bafouiller. Mon vieux pilote électrique reprend du service à la nuit tombante. Le génois pendouille et je le roule en restant sous grand-voile pleine seule. |
C’n’est pas si mal que ça car les petites vagues me poussant toujours, Danton glisse à 5 nds et la toile reste pleine, gardant la vitesse. Le bateau est à plat, silencieux et ma couchette en devient presque confortable. 2h la lune orange se lève dans les nuages puis blanchit, le sillage est phosphorescent de l’étrave jusqu’à loin derrière, une traîne de sirène, comme si la mer essayait de me retenir mais ma route va bien vers la terre et la parenthèse marine va bien aussi vers son achèvement. Je reste concentré jusqu'à l’arrivée mais je sens cette page qui se tourne doucement, irrémédiablement. 5h, le ciel s’est bien éclairci. Je distingue depuis un moment les feux rouges du parc éolien | les phares de Belle Ile et Groix étaient déjà visibles depuis longtemps, l’AIS se couvre de petits points qui sont tous les navires au mouillage, attention certains bougent, ce sont les pêcheurs locaux qui ont repris la mer à la fin du week-end. J’en compte au moins 10 dans la zone qui virevoltent autour de leurs engins de pêche m’obligeant à couper AIS et MerVeille qui bippent sans arrêt. Je suis sur le pont aux aguets, petit déjeuner à la main savourant cette glisse tout en ayant récupéré du réseau ! Et ça charge, les messages familiaux, les infos diverses mais aussi, malheureusement, les inévitables pubs. |
Tiens un mail des VG qui fait la retape pour un équipage lundi, comme c’est bizarre et je tente un coup de vhf vers 9h, le Boréas répond ! Ils sont en mer vers Pornichet, comme c’est bizarre. Fin du voyage sous génois qui se roule enfin dans la baie, |
le Yanmar assurant l’arrivée comme d’habitude. Du monde sur le môle, des courageux qui me font des signes d’amitié malgré ce temps grisounet et ce vent frisquet. Je file en bout de ponton D que le Harbour Master m’a gentiment proposé. Après un demi-tour pour me retrouver face au vent j’accoste, Patrick attrape les bouts, Danton ne bouge plus, je suis arrivé. |
Et les amis arrivent aussi pour fêter dignement cette jolie fin de croisière, le cockpit se remplit ainsi que les verres qui se lèvent plusieurs fois et l’atmosphère se réchauffe instantanément.
À très bientôt autour de la Vaquelotte. |
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